e-mémpol – thème II Les Polonais et le Travail

La rixe-Miraton :

-1 Alsacien tué !

– Son frère blessé grave !

– Deux Polonais en prison !

par fsz, site : polonais-et-potasse.com

   1) Un des rarissimes faits divers impliquant des Polonais et où du sang a coulé s’est produit à F68310 Wittelsheim-centre dès le début (nettement en 24) de l’importante vague d’immigration provoquée par le besoin de main d’œuvre du gisement potassique.

Qui a commencé ?

   2) Les faits : en septembre 25, à l’occasion d’un bal  au bistrot dit «Chez Miraton », Schaub, le tenancier, a été assassiné avec un couteau, et son frère grièvement blessé.

   3) Les deux coupables étaient deux Polonais pris de boisson. Ils ont été jugés en avril 1926. Le verdict a été beaucoup moins sévère que ce à quoi on s’attendait (ou que certains espéraient), au motif que les coupables n’avaient fait que réagir, mais avec une violence inacceptable, à des insultes, des provocations, voire des coups ; ils auraient été agressés avant d’être agresseurs ; l’un a été condamné à cinq ans de prison, et l’autre  à six mois, peines fermes, et effectivement purgées.

   4) Le café, une institution « incontournable » de la vie sociale locale, en face de l’actuelle mairie, comportait aussi un restaurant, et une grande arrière-salle qui servait tantôt de dancing, tantôt de salle de cinéma, et, à l’étage, des chambres d’hôtel.  L’édifice, qui comportait une façade de caractère, qui a été considérée comme  alsacienne, a été rasé pour laisser place, depuis le début des années soixante-dix, à l’actuel bâtiment du « Crédit mutuel », à l’angle des rues de Cernay (n°2) et de Staffelfelden.

   5) Légende photo : Joseph Rem, très lié d’affection à la famille Schaub, (voir le texte de l’ éloge funèbre que j’ai prononcé de lui à ses obsèques, en ma qualité de président de l’association culturelle Clpp de Wittelsheim, dont il était à sa manière un pilier, comme d’autres anciens de la Maison des Jeunes et de la Culture mise en liquidation judiciaire) m’a offert, comme par « nasard » à moi (j’étais déjà réputé être celui qui « fait parler » les documents et ranime la mémoire), une carte postale en noir et blanc qui montre en quatre clichés différents les locaux de « l’hôtel-restaurant Miraton » (le photographe est A. Masloff, de Belfort.).

Quel poison dingue !

   6) Quel poison dingue, pour l’intégration, cette rixe ! Presque jusqu’à nos jours, et énormément, elle a alimenté la polonophobie-réflexe, instinctive, de bien des autochtones, des résidents « de souche », comme on dit. C’est bien simple : tout Polonais était regardé (par en-dessous…) comme un délinquant en puissance, un méchant, un infréquentable.

   7) Ajoutons, car c’est aussi énormément important, que quelques années après cette tragédie, il est devenu encore plus délicat, explosif même, de l’évoquer, car Charles, le fils du bistrotier tué, devenu entrepreneur de pompes funèbres, qui rendait donc à la localité un service d’utilité publique (L’entreprise familiale poursuit son activité de génération en génération.), s’est marié, dans un mariage d’amour ! avec une…Polonaise ! Combien on a stigmatisé, de part et d’autre, les époux pour leur « mésalliance » : des traîtres à leurs origines ! (Or les mariages dits « mixtes » allaient se banaliser après 1945, la seconde génération polonaise étant parvenue à l’âge adulte.) On voit donc ici comme il est risqué, pour la vérité vraie de vraie, d’affirmer, par une généralisation par définition excessive et donc fausse, que les Alsaciens et les Polonais se vouaient une haine réciproque : eh bien, en fait, ce n’est pas si simple ! Il y en avait, beaucoup même, trop évidemment, mais pas tous… D’ailleurs, il y en a encore peut-être encore, ou de nouveau… Mais ce serait déjà  une autre histoire…

Henriette : ah ! quelle belle personne !

   8) Mme Charles Schaub secondait son mari dans son travail. Tout le monde, à Wittelsheim, la nommait par son prénom, Henriette. C’est elle qui recevait les familles endeuillées, leur facilitait la préparation des obsèques de leurs défunts. Elle était supérieurement populaire à Wittelsheim, parce qu’elle n’avait pas son pareil pour consoler les gens confrontés à la mort d’un parent. Je me souviens comme elle a remonté le moral de mon grand-père maternel Félix quand il a perdu ma grand-mère Victoria, en 83 : elle s’y est pris avec du café-schnaps, qui a fait merveille ! Ce café-schnaps disait toute l’humanité de cette si belle personne, qui, aujourd’hui, j’en suis sûr, serait à considérer comme pionnière intuitive des cellules psychologiques d’urgence. On aurait dû la décorer pour les mérites de son contact !

   9) Photo ajoutée : une belle vue, au second plan à droite, de la façade du « café Miraton », prise fin novembre 1959 lors de la halte du général De Gaulle à la mairie de Wittelsheim. (collection Denis Schott)

   10) Terminé de rédiger le 20-05-23, jour justement anniversaire des obsèques de mon Félix de grand-père, en 88.

   11) Matériel protégé par le droit d’auteur (loi française du 11 mars 1957).


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