e II – Les Polonais et le Travail

Asca 100 ans, les dirigeants

« Tsac-tsac »,

« le maire des Polonais » !

    1) Dans le cadre du centenaire en 2025 de l’asca-foot, nous avons particulièrement voulu tirer le coup de chapeau qu’ils méritent aux dirigeants bénévoles qui ont été indispensables pour faire fonctionner le club (ce qui est vrai de l’asca en petit l’est du pays en grand : si les bénévoles s’arrêtent, la France est paralysée.)

   2) Ainsi, nous avons déjà consacré sur ce site un article à un non-Alsacien, un « Français de l’Intérieur », en l’occurrence du Territoire de Belfort, l’instit et correspondant de presse (+) Louis Granacher.

   3) Et bien sûr, dans le cadre de nos mémoires polonais, c’est bien le moins qu’on évoque une figure polonaise ; on a ainsi emblématiquement retenu (+) Ladislas Franczak, vice-président de la section de foot, coatch, juge de touche (tenue noire et drapeau jaune, derrière la ligne latérale à la craie blanche, le « Fannla- Wéncker », en alsacien de Mulhouse), arbitre (comme son voisin, lui aussi Polonais, de la rue de Reiningue, Fernand Sztejkowski, dit « arbitre international »), popularisé à travers le surnom de « Czak-Czak » ( prononcer  « Tsac-tsac ») ; on appelait l’équipe (une 3ème équipe sénior) dont il s’occupait les « Czak-Czak-boys », et il était souvent aussi surnommé « le maire des Polonais », en raison des multiples services qu’il leur rendait, une vraie assistante sociale, et plus encore, qui portait sur sa tête de nombreuses casquettes, on ne sait exactement combien, du chauffeur à l’ installateur sanitaire (Il travaillait aux Ateliers centraux des Mines, où on savait faire beaucoup de choses.), etc.

 « Dzidek va déjà s’en occuper. »

   4) Combien de petites grands-mères polonaises de Langenzug (cité minière de Wittelsheim où il habitait), de la première génération immigrée, surtout des veuves, sans soutien, n’ont-elles pas, une fois ou l’autre, fait appel à lui ; « T’as un problème ? Laisse, Dzidek (prononcer Djidèk) va déjà s’en occuper. » Dzidek : c’est le diminutif affectueux de cet hyperactif, toujours en mouvement, au milieu des gens. Il était leur indispensable, et dans tous les petits coups de la vie locale, représentant des anciens combattants polonais de Wittelsheim dans leurs instances nationales ; au syndicat CFTC pour défendre l’ouvrier, au parti Centre démocrate pour demander des progrès sociaux ; certains se souviennent encore comment il a été molesté pendant la campagne législative de 1973 (ma première !) par les gros bras du candidat gaulliste (élu !) alors qu’il collait des affiches pour le centriste (+) Louis Uhlrich, qui avait pour suppléant le local docteur (+) Gilbert Michel ; il se disait qu’ils lui avaient carrément enfoncé la tête dans son seau de colle, ces jolis démocrates ! splendeur et misère du bénévolat !  au journal « L’Alsace », comme informateur quotidien de Jean-Jacques Weber, futur député (entre autres), sur l’état d’esprit des mineurs de potasse, qu’il fallait surveiller comme le lait sur le feu, car ils étaient prompts à l’action revendicative, et à la publication de communiqués, dont il ne fallait pas rater un seul, évidemment ; comme homme à tout faire qui retapait l’appartement du curé polonais Bieszczad à Mulhouse ; et la longue liste de ses méritants faits et gestes, désintéressés, au bénéfice de la collectivité et de ses serviteurs, ne s’arrête bien sûr pas là !

« Salut, gentil garçon ! »

   5) Ladislas était un optimiste, il voulait retenir avant tout les bons côtés de chacun. Il disait bonjour d’un caractéristique « Salut, gentil garçon ! », qui constituait pour ainsi dire son (pol) « haslo », ou signal, comme l’onomatopée alsacianisée « Hop ! Czak-czak ! » ( als : « jetzt gehts’ los », fr : « c’est parti, on y va, les gars ») constituait son mot d’ordre d’homme qui aimait entreprendre, du concret, et séance tenante.

   6) Aussi, quand il nous a quittés, bien trop tôt ! le 1er février 1982, ses joueurs ont rendu à leur animateur ce bel hommage : « L’équipe, et chaque gars ayant évolué sous cette appellation, lui gardera le souvenir ému d’un Père. » Ah ! il les couvait, ses joueurs, il les chouchoutait, ça c’est vrai !

   7) Pour moi, sur ce blog, voilà un homme qui constitue le plus un haut exemple du degré d’intégration extraordinaire auquel sont déjà parvenus, sans renier leurs origines, un certain nombre de Polonais immigrés dans le Bassin potassique dès leur deuxième génération, dans un esprit de paix, et de concorde.

   8) En ce sens, Ladislas était satisfait, et à juste titre fier, que ses enfants, et petits-enfants, se sont fort bien illustrés dans les deux directions, celle du maintien de la tradition culturelle (Franczak est un nom essentiel, depuis sa fondation il y a plus de quarante ans, dans l’organigramme du groupe folklorique polonais « Tatry » d’Ensisheim.), et celle de l’intégration positive, réussie, dans le tissu socio-économique alsacien (Trois Franczak ont déjà fait carrière dans l’enseignement, et Nicole, une des filles, m’a amicalement succédé, dès 1976, comme secrétaire du Conseil d’administration de la MJC-Maison des Jeunes et de la Culture de Wittelsheim, tout justement au pied du Château d’Eau, à la jonction des deux cités minières de Grassegert et de Langenzug, et en face du stade de l’Asca.)

   9) Moi, Franczak, pendant des années, de belles années (les « seventies » ça bouge bien, j’utilise un anglicisme, pas indispensable, contre mes propres principes : bon, j’irai un quart d’heure au piquet), je le voyais pour ainsi dire tous les jours, à la succursale de Wittelsheim du journal « L’Alsace », Place du marché, plus tard De Gaulle, aujourd’hui « parc » (on n’arrête pas le « progrès »), et parking… Nos rapports étaient complices, chaleureux. Je sélectionnais bien sûr, « spécialisation » thématique obligeait, plus particulièrement ce qu’il disait sur les Polonais ; souvent j’ai été son prolongement (son bras armé ! oui, oui ! je me marre), il parlait, et moi, j’écrivais, question de génération, il avait de l’or dans les mains, moi peut-être dans le stylo, parce que, comme disaient couramment nos aînés, j’avais plus « fait les écoles »… 

   10) Illustrations (doc fsz)

  1. a) Dès notre sommaire, notre très regretté « Dzidek », au sourire bienveillant, en chemisette d’été à carreaux, au club-house de l’Asca, à l’occasion de l’accueil d’un visiteur sportif important ;
  2. b) le même, portrait en cravate;
  3. c) idem, portrait, mais hélas, trois fois hélas, déjà au début de sa maladie (photo LA) ;
  4. d) et, comme il se doit, à la casquette d’hiver, avec son équipe des « czak-czak boys », et le grand gardien (+) Opala, dédicataire d’une rue de Grassegert ;
  5. e) et, comme trait distinctif, la casquette ne lui suffit pas, au-dessus il peut y avoir un pompon! voilà une seconde vue de notre débonnaire Ladislas avec ses boys (encore un anglicisme), extraite de la riche documentation de mon précieux complice en évocations ascaïennes sur ce site Marco Zemb, le 3ème à partir de la droite dans la rangée debout, sur ce cliché il se donne 19 ans, mais surtout de loin le plus beau de tous, toutes les girls (et un encore, d’anglicisme , une vraie éruption) du coin étaient toujours ok sur ce point!

   11) Fait le vendredi 13-06-25 (ya des superstitieux ? faites vos jeux), par fsz ; matériel protégé par le droit d’auteur (loi française du 11 mars 1957).

Cet article a 3 commentaires

  1. WEBER

    Ah,ce Tsak-Tsak,il n’aura laissé que de bons souvenirs!C’était en effet un homme extraordinaire et je suis heureux que mon ami, le Professeur émérite Francis Szulc ait pensé à rappeler cette figure de l’Association Sportive de la Colonie Amélie (ASCA) et de tout Wittelsheim!
    Salut Monsieur Franczak !Lui aussi mériterait une rue dans la Cité minière!

  2. Francis Szulc

    Joyeux merci à vous, Monsieur le Président, d’offrir de la chaleur de votre coeur fidèle à la mémoire de notre ami Tsac-Tsac, « ce sacré Tsac-Tsac », comme disait souriant et conquis cet autre ami commun que nous avons eu en la personne du (+) Dr Gilbert Michel, bien trop tôt parti lui aussi… fsz

  3. Francis Szulc

    D’ailleurs, j’y pense à l’instant, votre collègue conseiller général le dr Michel vous pouvez le retrouver sur le site en vidéo, avec l’inauguration de la Maison polonaise du château d’eau; il est vrai de chez vrai, exactement comme il était, officiant doux et efficace, sans fioritures artificielles et immodestes. fsz

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