1) Maurice Haffner, né le 25-09-43, a 80 ans, un anniversaire qui est l’occasion de retracer le parcours personnel d’un homme qui, dans le Bassin potassique, reste une référence ; en résumé : c’est toute une vie qu’il a passée à militer ! à gauche ! vraiment à gauche ! Avec une constante exigence, partout reconnue.

L’ajusteur

   2) La maison de naissance de Maurice, à Wittenheim-Théodore, a été détruite pendant la guerre, et n’a pas été reconstruite ; à sa place, aujourd’hui, on a le terrain des boulistes. A 14 ans, avec son Certificat d’études primaires en poche, un vrai diplôme à l’époque ! l’adolescent prépare à l’Ecole des Mines à Pulversheim un CAP d’ajusteur (« ceux qui devaient savoir tout faire », comme disait ma mère), qu’il obtient à 17 ans. En 1960, il exerce aux Ateliers centraux, à Richwiller, avant d’être affecté à la Division Théodore dès 61, où il demeure jusqu’en 85.

Le cgtiste

   3) La fibre syndicale du jeune homme se déclare très vite, puisqu’il adhère à la CGT dès 1960. Remarqué par les mineurs pour la solidité de ses convictions et pour son sérieux, dans la réflexion et dans l’action, Maurice est élu à la CE de la mine Théodore, au Comité central d’Entreprise, et en 1985 délégué-mineur-permanent-surface à Amélie ; il est réélu à cette importante fonction tous les trois ans sans interruption jusqu’à sa retraite le 01-07-2000. Il devient en 1981, et jusqu’à 2000 aussi, secrétaire général de la CGT des mineurs de potasse d’Alsace, particulièrement attentif à préserver l’indépendance de son organisation à l’égard du pouvoir politique.

Le communiste

    4) Cela ne l’empêche pas, déjà en 57, à 14 ans, pour protester contre la guerre d’Algérie, de faire partie des Jeunesses communistes. Après son service militaire, il adhère au PCF. Avec le recul, n’étant plus encarté depuis cinq ans, mais restant fidèle à sa couleur politique, il dit de sa période au « Parti », où il s’est engagé jusqu’à être membre du secrétariat fédéral départemental: « Je n’ai pas réalisé mes rêves. » Quels rêves ? « Un monde sans haine, sans faim, sans guerre. »

   5) Astreint au Service National alors de seize mois, Il fait ses classes au 503^ème RCC (Régiment de chars de combat) au camp de Mourmelon, il porte l’uniforme sur le sol algérien de juillet à novembre 63, et, rapatrié, il sert  comme voltigeur au Valdahon.

   6) Sur sa vie privée, on retient encore qu’il se marie à 23 ans à Christiane Birglen, de Merxheim, dont il a une fille, Dominique, née en 1967, le 25-09, précisément le même jour et le même mois que son papa !

L’adjoint au maire

   7) En mars 1977, Maurice est élu adjoint au maire de Wittenheim dans la nouvelle municipalité d’Union de la gauche. Pendant le mandat 83-89, il est conseiller municipal d’opposition, « constructive », tient-il à ajouter, au député-maire en place. Il retrouve ses attributions d’adjoint chargé des Services techniques sans plus d’interruption dans les municipalités des trois maires socialistes successifs, jusqu’en 2008, après quoi et jusqu’en 2014 il redevient conseiller municipal d’opposition. Ensuite il se retire de la gestion municipale. Il aura donc été édile pendant 37 ans, c’est-à-dire six mandats, une longévité rarissime !

Le défenseur du patrimoine

   8) Face à l’abattage systématique des chevalements, l’adjoint Haffner, soucieux de la conservation de « la mémoire minière », réagit, et demande le classement comme monument historique de celui de Théodore : « Tout tombe, on ne peut pas laisser passer ! » Et il œuvre désormais au sein de l’association constituée ad hoc, « Association pour la sauvegarde du chevalement de Théodore » ou ASCT.

   9) Sous cette égide, avec évidemment la contribution personnelle décisive de Maurice, ont été menés à bonne fin de nombreux projets : la sauvegarde, bien sûr, du chevalement Théodore, le Mémorial des Mineurs et son Chemin du Souvenir en hommage aux Victimes de la Mine, la réalisation de l’Espace de la Stèle, et celle de deux mémoires (en version-papier) qui méritent bien des éloges, l’un sur le centenaire de la cité Ste-Barbe, l’autre sur les accidents mortels aux mines de potasse. On peut toujours se les procurer, en se connectant sur internet au site « ASCT Haut-Rhin », dont le blog est très souvent enrichi par notre méritant rédacteur jubilaire.

   10) Toujours en bonne forme, il se soucie à l’heure actuelle du classement à l’inventaire des monuments historiques de « la plus vieille maison de Wittenheim », appelée « le Moulin du Dollerbechlein ».

   11) Continue tes bonnes activités, Maurice, on a encore besoin de toi pour avancer !

   12) PS, l’hommage du président : Après avoir examiné le livre de remémoration des accidents mortels de la potasse, évoqué plus haut, jjw tire à ceux qui ont réalisé cette œuvre le coup de chapeau suivant : « Le nombre de morts de la potasse est hallucinant et le travail de mémoire de Maurice et de ses amis est phénoménal et mérite la plus grande admiration ! » jjw, c’est bien sûr la signature abrégée de Jean-Jacques Weber, journaliste à « L’Alsace »-Wittelsheim au début des années 70, qui savait vivre avec les organisations syndicales des mineurs dans un climat de cordialité et de considération réciproques. Beaucoup se souviendront bien sûr aussi que l’homme de presse est ensuite devenu député, qui comptait Wittenheim dans sa circonscription, et, surtout président du Conseil général du Haut-Rhin, pendant dix ans ; ces fortes références ajoutent évidemment beaucoup de prix à son compliment à l’ASCT, et à notre jubilaire !

   13) Illustration : le nouvel octogénaire, photographié chez lui le 31-07-23, par votre serviteur.

14) Texte augmenté le 08-10-23 ; matériel protégé par le droit d’auteur (loi française du 11 mars 1957).

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