e-mémpol XVII Avec le vlog
par les «Chardonnerets» de Poniatowa
(à voir et écouter sur notre Vlog)
par fsz site polonais-et-potasse.com
1) « Gaude Mater Polonia », ou, en français : « Réjouis-toi Mère Pologne, féconde en noble descendance (…) », ou, « mère féconde d’une race noble ».
2) Ce sont les premières paroles de cet hymne, en latin, majestueux, considéré pendant des siècles comme l’hymne national du pays, celui des grandes occasions. Les paroles ont été mises en 1253 par le moine bénédictin Vincent de Kielce, sur une mélodie grégorienne.
3) Mais, ATTENTION, ne confondons pas : ce n’est pas l’hymne national actuel, en polonais, « Jeszcze Polska nie zginyla, puki my zyjymy (…), en français : « La Pologne n’a pas encore disparu, tant que nous vivons (…) ; (ou, en version parodique, façon chanson à boire : « tant que la poule est dans la casserole » ; pol : « puki kura w garku »).
4) Ce chant, patriotique–là, dont les paroles de 1797 sont dues au général Wybicki, a d’abord été connu sous le titre « Chant des Légions polonaises en Italie », qui a été supplanté par cet autre : « Mazurek Dabrowskiego », ou fr : « Mazurka de Dabrowski » (autre général cité dans le texte). Il n’est l’hymne officiel du pays que depuis 1926-27, c’est-à-dire depuis que le populaire maréchal Pilsudski y a imposé sa … dictature !
5) Et ce n’est pas non plus le « Bogurodzica » (fr : « Mère de Dieu »), chevaleresque, en polonais, a capella, qui est véritablement en bonne chronologie le premier hymne national polonais, car selon les spécialistes repérable dès le XIème siècle, et non le XIIIème, Je ne me prive pas ici du plaisir de mentionner qu’il s’agit d’un chant que Bernard Rabiega, le chef de chœur du groupe folklorique « Polonia » de Mulhouse, aimait tout particulièrement inscrire au programme des concerts de ses choristes.
6) Manifestement, la Pologne écrit son histoire avec une inclination pour le chiffre trois ; trois hymnes, comme on vient de le voir ; mais aussi trois capitales successives : Gnizeno (fr : « le nid »), au Xème siècle, Cracovie, en 1038, et Varsovie, en 1596. Et trois républiques (en oubliant, volontairement, de compter et numéroter la « populaire » (1944-89) : la nobiliaire, ou « des Deux Nations » (1569-1795), la Deuxième (1918-39), la Troisième, en continuité (artificielle) avec celle d’avant-guerre (depuis le 31-12-1989).
Le « Gaude » de St-Michel !
7) Une version éblouissante, généreuse et pénétrante, du « Gaude Mater » a été donnée à l’église principale St-Michel de F68310 Wittelsheim : c’est celle que nous retenons pour être l’indicatif musical officiel de ce site « mémpol ».
8) Par un concours de circonstances inattendu, la compagnie polonaise « Les Chardonnerets » (pol : « Szczygielki ») de Poniatowa, près de Lublin, qui s’annonce par une longue appellation latine, « Scholares minores pro Musica antiqua » (fr : « Petite école pour la Musique ancienne »), reçue impromptu en mairie de Wittelsheim, a ensuite donné un formidable concert tout à côté, à l’église St-Michel, conclu par le fameux hymne, suivi, après rappel enthousiaste, d’un bis, en français.
9) Nota : les chorales polonaises aiment bien se donner des noms d’oiseaux ; outre les « chardonnerets », oiseaux chanteurs s’il en est, on trouve pas mal de « rossignols », par exemple un dans le Bassin potassique, un à Lublin, deux pour la seule ville de Poznan (ceux de (+) Jerzy Kurczewski (1924-95), qui a un square à son nom à Poznan, et ceux de ( +) Stefan Stuligrosz (1920-2012) ; mais il n’y a ici pas de rossignols, mais seulement des ensembles de très grande maîtrise, qui figurent parmi les produits d’exportation culturelle préférés de la Pologne, qui lui confèrent du brillant dans le monde. Et je vous fais grâce d’éventuels « pinsons », ou « oisillons ».
10) La manifestation a eu lieu en fin d’après-midi le mercredi 19-09-1990. Antoine Martinken et moi avons joint nos plumes pour en rendre compte : voyez notre article de presse ci-joint, avec la belle photo prise par mon collègue en mairie.
11) L’ensemble, réception plus concert dans son intégralité, a été pris en vidéo, par Nicole, mon ex épouse, redevenue Meslin, qui est désormais disponible sur notre VLOG : de bout en bout un enchantement, je ne le redirai décidément pas assez, que ces gosses qui chantent, jouent et dansent, dirigés du seul regard par Maître Witold Danielewicz, oui, oui, un vrai maître, épaulé par son épouse Danuta, un couple de pédagogues d’exception qui, avec son Ecole, a fait des merveilles, insoupçonnées, et qu’on devrait connaître plus, et faire connaître ! Maintenant, on peut heureusement les suivre sur Youtube, profitez-en bien, car, depuis leur passage pour ainsi dire improvisé à Wittelsheim, ils ont encore nettement gravi des marches sur l’échelle de l’excellence, bravissimo !
Le « Gaude » des Rohan !
12) Nous diffuserons sur le même Vlog une seconde magnifique version du « Gaude », celle exécutée au Palais des Rohan, à Strasbourg, par les « Rossignols de Poznan », sous la direction de Stefan Stuligrosz, à l’occasion du Bicentenaire de la Constitution du 03 mai 1791, organisé par notre ami Waclaw Janas, ministre plénipotentiaire polonais, ancien vice-minsitre de la Culture, à l’intention du corps diplomatique en poste dans la capitale européenne.
On n’a pas été avare d’hymnes nationaux, puisqu’en tête de programme, avant le « Gaude », on a tout de suite exécuté le « Jeszcze », et « la Marseillaise » ! eh oui, suivant l’aimable tradition de savoir-vivre qui veut qu’on interprète toujours un chant dans la langue du pays où on se produit, pour lui rendre hommage.
Ah, les universitaires dans le Bassin !
13) En tout cas, on n’a pas vu à Wittelsheim un concert aussi marquant d’une chorale de Pologne depuis celui du « Chœur académique de Varsovie », au gymnase Chopin encore tout neuf, près de 20 ans plus tôt, en mars 71, quelques jours à peine après l’élection du nouveau maire d’alors René Arnold ; en 71, commençait la politique de détente Est-Ouest, qui permettait des contacts nouveaux entre la Pologne et sa diaspora ; en 90, on venait de sortir de la période communiste depuis seulement quelques mois.
14) Après le passage des « Scholares de Poniatowa », il faudra de nouveau attendre 15 ans pour entendre dans le Bassin potassique un concert choral polonais de qualité concurrente, celui de la « Chorale de l’Ecole polytechnique de Wroclaw », le jeudi 28-04-2005, à l’église Ste-Barbe de 68270 Wittenheim ; on était alors moins d’un mois après le décès du pape polonais, à la mémoire duquel a été dédiée l’interprétation toute en solennité et recueillement à la fois du motet à 8 voix ! de Bruckner « Os justi » (écouter sur youtube la version, qui me séduit beaucoup, car modelée, en souplesse, du Collegium vocale de Gent, sous la direction de Philippe Herreweghe).
Moi, la mairie ? Non merci !
15) PS : après le spectacle des « Chardonnerets », nous avons organisé une collation pour tout ce beau petit monde à la MJC locale (« Maison des Jeunes et de la Culture ») : les émotions, ça creuse, pas vrai ? Pour nous rendre sur le lieu des vespérales agapes, j’ai servi de chauffeur au maire René Arnold et au curé de St-Michel Gérard Ballast. Ils étaient cordialement installés sur la banquette arrière de ma bagnole, je les suivais des yeux dans mon rétroviseur, et, non sans un certain sourire intérieur, je me demandais qui était finalement le plus curé des deux, sachant à quel point René a transmué sa magistrature en véritable sacerdoce.
16) C’est bien pourquoi, contrairement à une ambition que d’aucuns m’ont prêtée, du reste rarement avec bienveillance, et que je n’ai jamais eue sérieusement : devenir maire moi-même ; quand je voyais comme Arnold était, et consentant et dépendant, bouffé jusqu’au trognon par sa mairie, la seule idée de prendre un jour sa suite me donnait envie de sauter illico par la fenêtre, en criant « Au secours ! », ou « Pitié ! » Moi, ou j’en aurais claqué dans les trois mois, ou j’aurais déporté presque toute la population du bled ! Lui, il était maso, qu’est-ce que voulez que je vous dise ! Et pas moi ! Quand je pense qu’on m’implorait, et le plus souvent sincèrement, dans certains services municipaux, de « sauver Wittelsheim » (sic), en faisant une liste aux élections, bonté divine ! heureusement que j’ai échappé à un tel chemin de croix !
17) Fait le 11-10-24 par fsz ; matériel protégé par le droit d’auteur (loi française du 11 mars 1957).