e-mémpol XV Les Polonais à Wittenheim

Marjan KRUPINSKI, curé polonais de Wittenheim, mort à Dachau,

et Ignacy NEUMANN, curé polonais de Wittelsheim, déporté rescapé

par fsz site polonais-et-potasse.com

   1) Trop tard : Marjan, Marian, Marianus, comme on veut, ou même Mieczyslas,  Krupinski, abbé desservant la communauté minière catholique polonaise pratiquante de Wittenheim-Théodore-Ste-Barbe au début de l’Occupation allemande commençant à la mi-juin 1940, ceux qui l’ont connu directement ne sont plus là pour en parler. De rarissimes descendants s’en souviennent tout au plus par ouï dire.

 

   2) Ex-voto. Pourquoi s’intéresser particulièrement à l’abbé Krupinski ? A cause de son destin tragique, rappelé sur une plaque commémorative en latin dans l’église Ste-Barbe de Wittenheim : qui comprend encore le lapin de nos jours, il paraît que même certains cardinaux électeurs au conclave de mars 2013 ont du mal (Et oui, les effets collatéraux du concile Vatican II, que voulez-vous…) ?

   3) Après traduction en français, on obtient le message suivant : « En mémoire (…) de Dom Marian Krupinski, prêtre des Polonais, (né le) 6-12-1909  qui donna sa vie pour sa foi et par charité pour son prochain au camp de Dachau le 27-12-1941, (les) Polonais reconnaissants. » Quand vous êtes du bassin, de la communauté polonaise, et que vous lisez cela, pour la première fois, aujourd’hui, vous êtes incrédule, baba, vous vous demandez si vous avez bien compris ! Un type disparu en concentration, c’est « just » bon pour la grande Histoire, mais c’est pas pour nous, si petits que nous sommes, dans la potasse, enfin voyons… Et bien si, bonnes gens, on a eu ça chez nous !

   4) A la droite de…la Mère. L’ex-voto, gravé en lettres d’or sur plaque de marbre blanc, en excellent état, se trouve fixé au mur à la droite du portrait (une huile sur toile tendue) de la Vierge noire de Czestochowa, lieu de pèlerinage marial national en Pologne, un autre Lourdes, ou un autre Fatima, en l’Europe de l’est. La Vierge dite « noire », et qu’on ferait mieux de dire seulement noircie (par les fumées des cierges, tout simplement !), est précisément une Madone à l’Enfant Jésus, et elle apparaît ici dans sa version ornée (de pierres précieuses), le tout étant installé à la gauche du maître-autel, central, de l’église. La place de l’ex-voto ne laisse bien sûr aucun doute sur le fort rôle symbolique qui lui a été assigné. L’église comporte, et c’est justice, un second ex-voto, dédié à Pierre de Retz, le patron des Mines qui a ordonné la construction de l’édifice.

   5) L’inscription originale. Elle est la suivante : IN MEMORIAM Dmi KRUPINSKI MARIANI Capellani Polonorum  6. 12. 1909 Qui vitam suam pro fide et proximi caritate in Castris Dachau die 27. 12. 1941 donavit GRATI  POLONI.

   6) Sur la « « route de la potasse ». L’église Ste-Barbe est maintenant, heureusement, intégrée comme halte sur l’itinéraire de découverte, touristico-culturelle, « la route de la potasse », par les trois associations qui se donnent vocation de préserver et valoriser le patrimoine du siècle minier (1904-2002). J’ai attiré en octobre 2018 l’attention du président du Conseil de fabrique et du président des associations catholiques polonaises sur l’évident intérêt, pour ne pas dire l’évidente nécessité, de présenter au public des traductions de l’ex-voto, en français, et en polonais, sans lesquelles le visiteur n’a désormais aucun moyen de comprendre les hautes significations, historique, patriotique, spirituelle, de la plaque commémorative. On verra ce qui sera fait, ou pas, ou comme ci, ou comme ça ; comme la suggestion vient de moi, on n’aura probablement aucun résultat.

   7) La Vierge noire de Ste-Barbe. Depuis le 14-10-2012, on compte dans le département du Haut-Rhin (68) sept effigies de vierges polonaises, dont six de la vierge noire. C’est en l’église Ste-Barbe de Wittenheim que la plus ancienne de la série a été installée le 15-08-1930, jour de la fête de l’Assomption de la Vierge, sous la présidence de Monseigneur Charles Ruch, alors évêque de Strasbourg. Or cette reproduction « historique » a été accidentellement incendiée, en bonne partie, par des cierges de prieuses, le dimanche 26-08-1990. Elle a été remplacée en septembre 1991 par un second tableau, peint à l’identique sur commande du curé polonais de Wittenheim Hyacinthe Styla. Pour l’anecdote : j’ai été le gardien de cette toile pendant son voyage de Pologne à Wittenheim, et j’ai même dormi à côté d’elle, c’est dire si nous sommes familiers l’un à l’autre… Pour en apprendre plus sur ce sujet des vierges noires du secteur, on visitera « mon » site, et en lira en particulier au moins mon article de synthèse paru dans une page mulhousienne  de « L’Alsace » du 18-11-2000, et depuis complété par plusieurs textes nouveaux.

   8) L’église Ste-Barbe. L’église Ste-Barbe, et son presbytère, ses abords, dans sa cité, au plan harmonieux, c’est pour moi un site enchanteur, le plus bel endroit du bassin potassique. Il ne s’agit pas de n’importe quel édifice, mais sans discussion et de loin du plus prestigieux dont la construction a été commanditée par les Mines de potasse, pendant le « règne » de Pierre de Retz. Son architecture extérieure et intérieure méritent de retenir l’attention, et, à l’intérieur aussi, la décoration réalisée par le peintre Georges Desvallières, surtout son « chemin de croix » en partie récemment restauré avec bonheur, ainsi que l’orgue, enfin, pour le 90ème anniversaire de l’inauguration en décembre 1929. Pour une information un peu plus développée sur cet ensemble, je recommande de se reporter à l’ouvrage des éditions Flohic « Le patrimoine des communes du Haut-Rhin », publié en décembre 1998, volume II, page 1385, où est mentionnée aussi la raison d’être de l’autel de la Vierge noire.

   9) Dachau, le premier camp nazi. Chronologiquement, le camp de Dachau est le premier, ouvert dès le 10-03-33, dans les premières semaines suivant l’arrivée de Hitler au pouvoir. Il est situé à environ quinze-vingt km au nord de Munich. On estime à quelques trente-deux-mille le nombre de personnes qui y sont décédées, comme dans tous les camps nazis, par exécution, de maladie, d’épidémies, de malnutrition, manque d’hygiène, de sévices et mauvais traitements divers. Théoriquement il est composé de trente-quatre baraques de deux-cent-huit prisonniers, mais, bien sûr, il est bientôt très surpeuplé, avec les pénibles conséquences qui inévitablement en découlent.

   10) Destiné aux prêtres polonais. Une approximation historique expéditive et très répandue consiste à considérer Dachau comme « le camp des prêtres polonais ». Après approche plus précise, on retient qu’il s’agit du camp principal des détenus chrétiens. Il y existe effectivement un bloc des prêtres, composé des baraquements n° 26, 28 et 30. Dans le n° 26, le commandement est obligé de tolérer que la messe soit dite chaque jour, à partir du 22-01-41. Le seul autorisé à célébrer est l’aumônier Pawel (Paul) Prabucki, mort en 42. On a dénombré quelque 2579 prêtres catholiques incarcérés, en majorité des Polonais (1780) ; 868 sont morts dans Dachau. Le camp a aussi compté de nombreux professeurs, et des intellectuels divers. Pour la composition du présent paragraphe, nos sources sont l’article de Michael Berenbaum dans la version informatique 2011 de « l’Encyclopaedia universalis », et  l’encyclopédie informatique libre en français « Wikipédia ».

   11) La contribution 1 de Giovanetti, sur Neumann. Dans son « Staffelfelden et les mines de potasse, un siècle d’histoire commune », paru en 2011 aux éditions « Journal des Ménagères », l’auteur consacre aux immigrés polonais ses généreuses pages 70 à 72. On citera ici volontiers, comme contribution bienvenue, page 71 : « L’aumônier polonais Ignace Neumann, est arrivé vers 1932-33. Ma grand-mère (ndl : celle d’Albin Hérold, dont Giovanetti recueille ici le témoignage oral) faisait aussi la bonne pour lui. Dès le début de l’occupation, la Gestapo l’a arrêté, comme tous les prêtres polonais et ils ont tous été envoyés à Dachau. Il en est revenu, le curé du village, l’abbé Scherrer, lui, y est mort. »

   12) De la pauvreté obscure à la prêtrise consécrative. J’entreprends à présent de retracer dans ses grandes lignes, mais caractéristiques autant que possible, le parcours de Krupinski, à partir de son dossier, de ses débuts à son départ de Pologne, tant il me semble de mise que dans un article sur lui il soit assez question de lui, et des traits relevés de sa personnalité, et au-delà de sa personne. J’en profite, « au passage », pour faire voir comment, via l’Eglise comme pour ainsi dire unique truchement, fonctionne dans les premières décennies du XXème siècle en Pologne « l’ascenseur social ».

   13) Le dossier 1 de l’archidiocèse. Pour réaliser cette partie de mon exposé, je me fonde sur le dossier de l’intéressé conservé, selon l’usage, dans les archives de son archidiocèse d’origine de Poznan (all Posen), importante métropole de l’ouest du pays, où le fameux sérieux germanique  est perceptible, qui tempère la non moins fameuse fantaisie slave.

   14) Ce dossier 2. Il ne m’a pas fallu moins de deux ans, tant le clergé au travail a l’éternité devant lui, pour obtenir communication dans l’été 2012 de ce dossier de quatre liasses de photocopies de très mauvaise qualité, pour ainsi dire illisibles quand manuscrites, plus abordables quand dactylographiées, que ce soit en latin ou en polonais, avec parfois des questions dans une langue, et des réponses dans l’autre, bref un tout pas du tout commode à exploiter : il a fallu une obstination au travail qui mérite d’être mentionnée pour en venir à bout…

    15) Le bras long de Bella. Je n’aurais très probablement jamais obtenu ces documents sans l’influence, alors bien réelle et efficace, de la présidente de l’association« Amitié franco-polonaise » de Wittenheim Annabelle Wersinger, qui me présentait comme son vice-président, ou son « conseiller », quel redoutable privilège…

   16) Un CV banal. On peut quoi qu’il en soit en retenir de manière fiable que Marjan, Alexandre Joseph, comme son père, boulanger de profession, est né le 06-12-1909 dans la localité de Kozmin, dans l’archidiocèse de » Poznan. La petite ville compte 6678 habitants au 31-12-09. Pour éviter des confusions homonymiques, le Conseil des ministres du 01-01-97 lui ajoute officiellement l’appellation « Wielkopolski » (« de Grande Pologne »). La commune a longtemps été reliée au rayonnement de la métropole régionale de Kalisz.

   17) Le jeune Marian devient bachelier de l’enseignement secondaire en mai 1930, après avoir fréquenté le lycée de Jarocin (26000 habitants en 2010), où il a de la parenté ; dans cet Etablissement, il est considéré comme excellent élève dans toutes les matières, mais comme moins intéressé par l’histoire contemporaine de la Pologne.

   18) Il passe ses examens de philosophie en 32, de théologie en 34, au séminaire de Poznan, ainsi que ses différents degrés de séminariste vers l’ordination de 31 à 35. Il est considéré comme de constitution physique normale, apte à prendre en charge une paroisse, son bulletin médical d’entrée au séminaire de juillet 30 indique une taille de 1,68m, et un poids de 65kg, qui passe à 66kg à sa libération en 32. On lui prête bon caractère.

   19) Il étudie aussi au séminaire voisin de Gniezno (« gniazdo » = «  le nid » historique du catholicisme polonais), transféré à Poznan en avril 32.

   20) Dès août 1930, le curé de Kozmin intervient auprès du Recteur du séminaire pour attirer son attention sur la trop grande faiblesse des revenus dont dispose la famille du séminariste pour financer son entretien et sa poursuite d’études, d’autant qu’il y a encore à charge au domicile familial trois sœurs, de dix-neuf, quinze, et treize ans.

   21) Ceci conduit Krupinski à signer, comme une sorte de contrepartie de «  boursier », le 15-09-30, un engagement d’entrer au séminaire pour la diaspora à Gniezno, et de servir douze ans auprès des Polonais émigrés à l’étranger. Le procédé n’a rien de scandaleux : en France l’entrée dans la Fonction publique implique souvent un engagement de servir quinquennal ou décennal, ce qui a été mon cas.

   22) Dans son témoignage sur son protégé, en septembre 31, le curé de Kozmin évoque un pratiquant irréprochable, qui édifie les paroissiens par sa modestie et sa précoce maturité, qui ne fume pas et boit très peu, qui fait état de sa libre volonté de devenir prêtre, qui s’intéresse désormais plus à l’histoire, et qui même, par son zèle, permet de faire échouer une tentative de vol à l’église, et permet d’identifier le coupable.

   23) Dans la seconde liasse du dossier de Poznan, on trouve des devoirs manuscrits du séminariste, d’exégèse et de méditation en polonais, dans une écriture petite, serrée, fine, propre, régulière, mais très difficile à lire pour moi. En octobre 32, le recteur du séminaire écrit au curé de Kozmin et en appelle à son aide financière et celle de la famille pour pallier la difficulté de payer les études. On apprend que les trois sœurs cadettes du jeune homme sont désormais mariées. Le curé témoigne en septembre 33 que le séminariste est méditatif et en adoration devant le St-Sacrement.

   24) Dans la liasse trois du dossier, le même atteste en septembre 34 que Krupinski « considère sa vocation avec sérieux », « mais que son regard sur le monde est peut-être un peu rigoriste ». Ce curé atteste encore le 29-11-34, que rien ne s’oppose à l’ordination, et le futur prêtre signe le 21-12 de cette année sa profession de foi en vue de cette ordination, assortie d’un « serment d’obéissance » et un autre d’ «  antimodernisme », par lequel on s’assurait de la docilité doctrinale, du conformisme théologique, du nouveau ministre du culte, qui ne devait en aucun cas dévier de la ligne prônée par la hiérarchie vaticane.

 

   25)  Dans la liasse quatre, et dernière, en complément on trouve son serment de la même date de servir à l’étranger dix ans (et non douze) puis de rentrer dans son diocèse d’incardination.

   26) La cérémonie d’ordination au diaconat, premier degré de la prêtrise, est prévue pour le samedi 16 mars 35 à la cathédrale de Poznan, par coïncidence lieu très important pour l’histoire catholique du pays.

   27) La cathédrale du premier roi. En effet, c’est ici que repose en son tombeau Mieszko Ier, le premier roi polonais, aussi premier roi baptisé, en 966, d’où les formidables commémorations du millénaire de la Pologne catholique, sous la conduite du pugnace cardinal-primat Stefan Wyszynski, autour de 1966, en métropole, et dans toute la diaspora mondiale. Mieszko est donc une sorte de Constantin (à Rome), ou de Clovis (en France), mais à la polonaise. Boleslaw Chrobry (fr « le vaillant »), le successeur de Miesko, est également inhumé en ce sanctuaire, ainsi que plusieurs monarques ultérieurs.

   28) Premières affectations. Cette même année, le 19-05, Marian devient « prezbiter », c’est-à-dire ecclésiastique de second degré, « habilité à conduire la vie et la prière de l’Eglise ». Il reçoit sa première affectation, à compter du 01-07-35, dans la paroisse de Miejska Gorka, dans le « dekanat » (« communauté, regroupement de paroisses ») de Jutrosin. Le 01-02-36, il est muté, et promu vicaire, donnant satisfaction, qui sera attestée par écrit le 20-01-37. Le 11-03-36, il est reçu à ses derniers examens de théologie dogmatique, théologie morale, droit canon, exégèse biblique et histoire ecclésiastique. Le 02-09-36, il paie ses frais de scolarité, et obtient des vacances du 7 au 26 du même mois. Il est de nouveau muté le 01-10-36, toujours par le vicaire général de l’archidiocèse, Mgr Dynek. En Pologne, il aura occupé pendant de courtes périodes trois postes successifs.

   29) Nommé en Belgique. Le Père Zborowski, chef de la Chancellerie du primat de Pologne, avise la Curie de l’archevêché de Poznan, le 31-05-37, qu’à compter du 01-07 de la même année, le vicaire Krupinski est muté au service pastoral de l’émigration polonaise en Belgique, muni d’un passeport gratuit, et d’une somme de deux-cents « zloty(s) » pour couvrir ses frais de voyage. Jusqu’à nouvel ordre, il  a été impossible d’apprendre quoi que ce soit sur la courte période belge de Krupinski.

   30) Nommé à Wittenheim. Grâce au hasard des investigations de Giovanetti dans les archives minières déposées aux Archives départementales du Haut-Rhin à Colmar, une lettre de la MCP en France à la Direction des Mines, datée du 13 mai 39, nous apprend la nomination, avec l’accord de l’évêché de Strasbourg, de « Mieczislas » (On est quand même assez loin de Marian, ou Marjan, ou Marjian, il faudra commenter ces variables et variantes aussi).) Krupinski comme « aumônier polonais à Wittenheim » à compter du 1er juin 39 (donc, pour replacer la « petite » histoire dans le cadre de la « grande », à seulement trois mois de l’invasion de la Pologne par Hitler et des déclarations de guerre anglaise et française à l’Allemagne, et  quelques semaines seulement après l’accession de Pie XII à la papauté)). Il succède à l’abbé Walendziak rappelé en Pologne en novembre 38, qui a été provisoirement remplacé par le curé Ignace Neumann (que j’ai vu prénommé à tort Waclaw dans un document commémoratif approximatif sur les catholiques polonais de Staffelfelden-Rossalmend).

   31) Passage à Sallaumines. Le plus intéressant peut-être de cette missive est de nous apprendre que l’affectation pastorale précédente de Krupinski a été à Sallaumines (environ dix mille habitants en 2015, localité connue à cause de l’énorme catastrophe minière dite « de Courrières », en 1906, avec ses plus de mille morts), dans le Pas-de-Calais, dans l’arrondissement même de Lens, au relevé et réputé club de football, et non en Belgique, ce qui du coup nous permet de déduire que l’épisode belge aura au plus duré moins de deux ans, et on voit s’amenuiser ainsi la plausibilité de l’hypothèse que l’abbé ait pu occuper dans ce pays plusieurs postes successifs.

   32) Les registres paroisiaux. On dispose évidemment de traces autographes du ministère de Krupinski à Wittenheim  « dans les Doubles du Registre des Baptêmes de la Paroisse Ste-Barbe » (Quel accès de majusculite !). « Le premier baptême  qui est attesté avoir été célébré par l’abbé(…) est daté du 24-08-39, et le dernier est daté du 24-03-41. » : je cite ici Jean-Louis Engel, archiviste de l’archevêché de Strasbourg, qui m’adresse le 05-11-12 une lettre fort instructive, où il élargit le propos au-delà du seul Krupinski, pour confirmer que, après interim de Neumann, ce dernier succède bien à Wittenheim à l’abbé V. Walendziak, en fonction depuis 1930 (Est-ce encore lui qui célèbre fin août 30 le premier mariage « polonais » à Ste-Barbe, celui du chef de chœur mort centenaire Joseph Peplinski ?), lui-même successeur de l’abbé Paluszynski (trouvé écrit ailleurs « Palunsziski » par une main non polonophone : quel massacre, orthographique et phonétique, hélas monnaie courante, de rigueur même, (un affront !), officiant depuis 27.

   33) Déporté.  Krupinski exerce son sacerdoce à Ste-Barbe, théoriquement, jusqu’en juin 41, soit au total deux années. Engel, se référant à ce que par rapprochement abusif mais séduisant avec la cinématographiquement bien connue « liste de Schindler » on pourrait intituler « la liste de Weiler »( prénom : Eugen), plus rigoureusement à l’ouvrage de cet auteur « Die Geistlichen in Dachau » (« Les ecclésiastiques, ou, le clergé, voire les religieux ou même les spirituels, car l’allemand « Geist » se traduit littéralement en français par « esprit » , à Dachau »), Engel donc  établit que l’intéressé, immatriculé sous le  numéro 26333, arrive à Dachau le 20-06-41, à l’été commençant comme on voit, pour y mourir à l’hiver de même commençant, au second jour suivant Noël, après seulement six mois de séjour, le 27-12-41(42, par erreur : une simple faute de frappe ?), suivant Giovanetti, ibid, p.69), de la même funeste année donc.

   34) Pourquoi cette déportation ?  D’abord, c’est un truisme de le rappeler, dès le début de l’Occupation, tout ecclésiastique polonais, en tant que cadre communautaire dont il faut interrompre la « nuisible » influence, est par essence menacé de connaître ce sort toujours imminent. Le camp de Dachau est même en quelque sorte le camp dédié au clergé polonais, de la métropole, ou de la diaspora, après accord du Vatican ! Encore, pour interner, faut-il,  afin de sauver les apparences de l’ordre et de la justice, par nécessité de propagande, trouver un prétexte. Quel(s) prétexte(s), donc, pour embarquer Krupinski ?  Un léger, selon les uns, insubordination : il aurait été dénoncé comme ayant refusé d’exécuter le salut nazi par un adolescent embrigadé-fanatisé dans la Hitlerjugend, ou Jeunesse hitlérienne. Ou un motif lourd, selon les autres. Comme son collègue le curé Ignacy Neumann, et en fin de compte dans la lignée de la résistante officiellement déclarée « morte pour la France » Ludwika (Louise) Zawierta, de Wittelsheim-Langenzug, Krupinski a vraiment été un passeur clandestin en zone « neutre » suisse de prisonniers de guerre polonais évadés.

   35) Dénoncé. Quand on s’interroge à voix haute sur les raisons pour lesquelles son réseau a été découvert (trahi ? par qui ? un, une, des compatriotes ?) dès février 41, encore aujourd’hui, cela laisse songeur, en particulier à Wittenheim, l’un ou l’autre silence embarrassé traduisent involontairement le souhait de certains (rares, il est vrai, mais quand même…)  qu’on ne reparle pas de cette affaire, et qu’elle reste enfouie dans au moins les semblants de l’oubli. C’est comme si certains, ou leurs ascendants, avaient, dans la déportation de Krupinski quelque chose de secret à se reprocher (à tort ou à raison).

   36) Epuisé-achevé-passé au crématoire-mort sans sépulture. Sous le titre de « Livre blanc » a été publié, en anglais, et en polonais, au choix, de 1977 à 81, par Victor Jacewicz et John Wos, un « martyrologue du clergé catholique romain polonais sous occupation nazie en 1939-45 », qui contient une schématique notice biographique de Krupinski, laquelle, a défaut d’être exacte, est au moins d’une brutale clarté : « emprisonné par les Allemands en 1940 à Mulhouse, dans la zone occupée de la France. Pendant une demie année interné dans un camp près de Strasbourg et transféré au camp de concentration de Dachau, où il a été assassiné –torturé, admis à « l’hôpital « du camp, où lui a probablement été administrée une injection létale. » Est-il besoin de préciser que le synonyme de « létale » est : « mortelle » ; et que le camp près de Strasbourg est le « Struthof », dit encore de « Schirmeck-Vorburg », sur les hauteurs du village de Natzwiller?

   On notera que l’affirmation, qu’on a avancée ici ou là, suivant laquelle Krupinski a d’abord été interné au Struthof, avant d’être transféré à Dachau, n’a jamais pu, malgré nos efforts, être vérifiée. Tout ce qu’on peut dire à ce jour de cette affirmation est qu’elle est plausible.

   37) Les fausses « obsèques » de 1950. Pour l’Assomption, le 13 août 1950, ont été organisées en l’église Ste-Barbe, sous la présidence de M. André Lukaszewski (dont on sait qu’il a été un sportif d’un certain niveau en cyclisme), des « obsèques » fictives ! de Krupinski. On trouve le même Lukaszewski dès 1947 président des anciens combattants polonais de la cité. Le point culminant de cette solennité fut l’inauguration de la stèle dédiée au martyr et vissée au mur à la droite du portrait de la Vierge noire. Un simulacre d’obsèques, quelle extravagance ! Eh bien : ce n’était pas la première fois ! les Polonais avaient déjà fait le même coup en mai 1935 à la mort du maréchal Pilsudski, dictateur au pouvoir en Pologne, le héros militaire de la Vistule en 1920, le héros de mon soldat de grand-père maternel, qui, un des porteurs du cercueil (vide !), a pu me méduser malicieusement en me disant, donc si on veut sans mentir : « Moi, j’ai porté Pilsudki son mes épaules ! » Un type, vous vous rendez compte, dont j’ai vu, par lieutenance en quelque sorte, la momie à Cracovie, au château du Wawel, le Panthéon des Polonais, un saint des saints ! Et, si on veut en rajouter une couche, on peut se souvenir que dans le film « Fragments d’exils », en 1982, sur les Polonais du bassin potassique, il y a une scène d’enterrement, avec, de nouveau, un cercueil vide, qu’on met même en terre ! pour faire authentique ! Mais, ceci, au cinéma, n’a rien d’exceptionnel, et est admis.

   38) Un article dans « La gazette des mines ». L’organe d’information de l’Entreprise, « La Gazette des Mines », a généreusement (il faut lui dire merci, sérieusement.) consacré une page entière de compte-rendu à cette cérémonie. Il a paru en principe en octobre 50 (le périodique était un trimestriel). A l’époque, ladite gazette n’était pas encore réalisée par une rédaction interne, mais sa production régulièrement confiée à une maison privée. Le rédacteur s’appelle Naas, à ne pas confondre avec Luce Naas, très proche collaboratrice de plusieurs présidents du Directoire. Abstraction faite de quelques excès d’émotivité, le texte est d’une importance capitale. On doit à Giovanetti d’avoir mis ce document à ma disposition. Il a bouleversé bien de mes suppositions échafaudées depuis 2013 sur le cas Krupinski ! Heureusement ! Le fac-simile de cette relation peut être lu en illustration de cette étude. Je me permets de recommander de la manière la plus pressante le dernier paragraphe, d’un bonheur d’écriture qui ne se trouve plus de nos jours : rien que pour ce peu de lignes, l’auteur devrait être reçu parmi nos bons « Immortels » !

   39) Le mémorial de Poznan. Les Polonais de Pologne n’ont pas abandonné le souvenir de Krupinski aux seuls Polonais de l’étranger. Eux aussi lui ont dédié une tablette commémorative, ainsi libellée, par gravure dans de la pierre ocre foncé : « Abbé Marian Krupinski,  prêtre des Polonais en France, 1909-1941, Dachau. » Elle se trouve à Poznan, petite partie prenante de l’imposant mémorial consacré à « l’Etat polonais souterrain et sa force armée dans l’armée nationale », autrement dit à la résistance intérieure secrète, des Poznaniens, au sens large. Le monument se trouve dans un parc verdoyant, rue de l’Indépendance (« Aleja Niepodleglosci »). Il a été construit en 2007, d’après la conception de Mariusz Kulpa, au demeurant plutôt discutée par les visiteurs.

   40) La tombe de Kozmin. Au cimetière de Kozmin, commune de naissance de Marian, rappelons-le, se trouve une tombe de la famille Krupinski. Le site internet « Billion Graves » prétend que l’abbé y est inhumé, et qu’il est décédé le 22-12-41, au lieu du 27.

   41) « L’écho de Kozmin n° 5 ». Cette gazette locale, un mensuel, publication, en polonais, de « L’association des amis de Kozmin », a été créée en août 1990, et a franchi le cap de ses trois cents cinquante numéros début octobre 2019. Dans son numéro 5, donc en principe en décembre 90 (en cours de vérification), est inclus page 28, sur toute la page, un article détaillé sur notre natif particulier de la localité (environ 6500 habitants en 2009). Son titre est : « Le père Marian Krupinski 1909-1941, à la mémoire d’un prêtre polonais martyrisé à Dachau, originaire de Kozmin. » Le texte, que j’ai intégralement traduit en français, figure à la rubrique 49 de la présente étude.

   42) L’instant Styla. Mon regretté ami le curé  Jacek Styla a bien voulu dire, parce que c’était à moi, et seulement vaguement, qu’un couple de descendants de Krupinski est venu une fois de Pologne à Wittenheim pour y retrouver traces de son parent, des « chasseurs d’héritage » aventureux peut-être (on en a vu d’autres), que Jacek, qui n’était pas du genre à s’encombrer seulement d’ombre de prise de tête, a éconduits, et qui ne sont pas revenus à la charge.

   43) Compléments sur Neumann. L’association généalogique de Grande Pologne a constitué un ouvrage collectif bénévole sur « Les prêtres de Grande Pologne du XVIIIème au XXème siècles ». Une fiche biographique, avec une photo en couleurs, y est consacrée à Ignacy Neumann, qui nous permet de compléter la connaissance que nous avons de lui. Le camp de Dachau est libéré par les troupes américaines seulement le 29-04-45. Le prêtre a survécu à son internement. Ayant exercé son sacerdoce dans l’émigration du bassin potassique depuis 1935 (cette date serait à discuter), après avoir été vicaire à Puszczykowo depuis juillet 34, juste après son ordination le 17 juin précédent, il retrouve, rentré en Pologne, une paroisse comme curé à Otorowo, de 1947 à 1968. Il est ensuite muté à Kornik, une localité connue pour son château, où il exerce de 68 à 82, qui est l’année de sa retraite, prise à Poznan, ville où il décède le 17-11-86. Sa tombe est visible au cimetière de Kornik. Neumann est né le 26-07-1908 à Opalenica.

   44) Une messe du souvenir à St-Christophe. A la St-Etienne, le 26-12-2016, à l’occasion de la messe polonaise du deuxième jour de Noël dite par l’abbé Dziedzic en l’église St-Christophe de Wittenheim-Fernand-Anna, le président des associations catholiques polonaises (PZK) a lu en souvenir cette intention de prière rédigée par mes soins : « Demain donc, nous commémorerons exactement les soixante-quinze ans de la tragique disparition de ce jeune ecclésiastique qui s’est signalé au monde par son patriotisme et sa charité. Il venait d’avoir seulement trente-deux ans. Recueillons-nous maintenant tous avec affection et respect pour cette belle âme, qui encore aujourd’hui fait honneur à notre communauté, en même temps qu’elle lui fait mal. Merci. »

   45) Traduction 1 : « Pater, in manus ». L’image pieuse nous présente le Christ en croix prononçant avant d’expirer ses sept célébrissimes dernières paroles, en latin « Pater, in manus Tuas commendo spiritum meum ! », en français : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » En polonais, au-dessus du médaillon : « Priez pour moi, vous tous qui m’avez aimé, vous tous qui m’avez connu. » Sous la photo : « Feu l’abbé Marjan Krupinski, prêtre polonais à Wittenheim, en Alsace, né le 06XII1909, décédé tragiquement le 27XII1941. » Au paragraphe suivant : « Prière au Seigneur Jésus sur la croix. O bon et très doux Jésus, comble moi de ta grâce, moi qui avec ma plus grande émotion et ma plus profonde douleur me souviens sans cesse de tes cinq plaies, et qui en pensée plonge en elles, ayant sous les yeux ce que déjà le prophète David avait sur les lèvres, quand il parlait de Toi : ils ont percé mes mains et mes pieds, ils ont compté tous mes os. (Ps XXI). » Deux dernières lignes, en plus petits caractères ; avant-dernière : « On peut faire une offrande pour l’âme des défunts ». Dernière ligne : « Donne-lui le repos éternel. »

 

   46) Traduction 2 : Jésus à la couronne d’épines, « Ecce homo », fr : « Voici l’homme ». Tout le texte est en français.

 

   47) Traduction 3 : Vierge pleurant : « Mater dolorosa » fr : « Mère dans la douleur ». Le reste de cette « page » est en français. En polonais, au-dessus du médaillon : « Jésus miséricordieux notre Seigneur, donne-lui le repos éternel. » Sous la photo : « Feu l’abbé Marian Krupinski » ; ligne suivante, en plus petit : « Il a consacré sa vie à ses compatriotes en France. » Ligne suivante : « Né le 6-12-1909, il est mort au camp de Dachau le 27-12-1941. » Paragraphe suivant, le dernier : « Et Jésus dit : Si vous ne mangez le corps du fils de Dieu et ne buvez son sang, vous n’aurez point de vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. (Evangile selon St-Jean) » Mon commentaire : on a ici en polonais le même extrait de la Bible que celui en français sur l’image précédente. On retiendra que cette image de piété d’il y a longtemps est bilingue, c’est-à-dire « intégrative », ou pour céder à un mot à la mode : « inclusive ». Elle renforce ma conviction que, dès les débuts de l’immigration, certains esprits avaient déjà le souci d’une cohabitation paisible entre les autochtones et les nouveaux arrivés.

   48) Traduction 4 : du portrait-photo (mis à ma disposition par l’archevêché de Poznan) d’un (beau) jeune homme en soutane et col romain ; la légende en polonais, manuscrite (par l’intéressé), est ; « Poznan, le 5 VI 1935. Le diacre Marjan Krupinski ».

   49) Traduction 5 : document comportant la seconde et dernière photo d’identité, en tenue civile,  mise à ma disposition par l’archevêché de Poznan ; il s’agit du « certificat d’aptitude » obtenu par l’élève Krupinski en 1930, dont on peut dire qu’il est son diplôme de bachelier.

   50) Traduction 6 : (de « L’écho » de Kozmin n° 5, p28)

   « L’abbé Marian Krupinski est né le 6 décembre 1909 à Kozmin, Son père Joseph, boulanger de métier, exploitait sa boulangerie propre à Kozmin près de la rue du monastère, et sa mère Constance, née Kapuscinski, était femme au foyer, s’occupant de sa famille. Six des sept enfants du couple étaient des filles (Geneviève, Angélique, Marie, Sophie, Stéphanie et Hélène), et Marian le seul fils. Après ses études au lycée catholique de sa ville, il continua de s’instruire au séminaire de Gniezno, et ensuite à celui de Poznan. Ordonné prêtre en 1935, il a été nommé vicaire à Miejska Gorka, puis il a été muté à Pilka à proximité de la frontière germano-polonaise de l’époque. Il ne lui a pas été donné de rester au pays, les autorités religieuses lui ont assigné une paroisse polonaise d’abord en Belgique, puis à Wittenheim-Théodore (Alsace). Après l’Occupation de la France par l’Allemagne hitlérienne, il a été arrêté et interné pendant une demi-année, puis il a été transféré au camp de concentration de Dachau, en Bavière, où, considéré comme grand patriote, individu sans compromis , il a été soumis à la torture, tué par injection, et incinéré dans le crématoire le 27 décembre 1941. 

    Neuf ans après sa mort, le 13 août 1950, dans la paroisse de Wittenheim-Théodore, où l’abbé Krupinski a été curé, ont été organisées ses obsèques symboliques. En nous fondant sur une coupure de la presse communautaire qui a été conservée sous le titre « L’Alsace rend hommage à la mémoire du pasteur zélé, idéaliste, martyrisé à Dachau », nous pouvons rendre compte du déroulement des cérémonies funèbres. Comme l’écrit l’auteur de cet article M. Kwiatkowki : «  L’église de Wittenheim-Théodore présentait un impressionnant décorum funèbre. Au pied de l’autel principal noyé sous les fleurs était installé un catafalque avec le cercueil entouré de fleurs et couronnes. Sur la bière, les insignes de la prêtrise – le calice, la barrette, l’étole. La paroisse polonaise, catholique, avec la participation de toute la communauté polonaise d’Alsace ainsi que des autorités spirituelles et de la population française, rend hommage à la mémoire de son prêtre Marian Krupinski. Ont pris part au service funèbre, entre autres, le maire de Wittenheim Théodore Richer (ndt : Richert, le t final a disparu, à l’impression), le représentant de la mine voisine de Théodore Roht, les présidents des associations polonaises et françaises. Un cortège de douze drapeaux a rendu les honneurs au disparu, émanations des chorales, des anciens combattants, des « sokols » (ndt : « faucons »), des scouts, de l’association « Ste-Barbe » et de l’association « St-Adalbert » (ndt : « Wojciech »).

   Les cérémonies ont commencé à 11h, avec la messe célébrée par le curé français local Dochler. L’office a été embelli par les chants des chorales réunies « Bourdon de Sigismond » (ndt : « Zwon Zygmunta ») et « Lutnia » (ndt : « le luth ») de Wittenheim (ndt : faux, Lutnia émane de la cité Rossalmend, à cheval sur les communes de Wittelsheim et Staffelfelden). Le curé polonais local (ndt : professeur ? sens à préciser : de qui, de quoi, avec quelle qualification ?) Debski a prononcé l’homélie de circonstance, très émouvante, ayant été le camarade (de captivité) et le témoin oculaire du sort subi par M. Krupinski au camp de Dachau, et ayant pris en charge la paroisse de son ami martyr comme son successeur. La cérémonie funèbre devant le catafalque (ou cénotaphe) a été célébrée par le représentant de l’évêque de Strasbourg le père Kepel, vicaire général du diocèse. Plusieurs orateurs se sont alors succédé. L’abbé Bourgeois, curé français local qui a connu le curé Krupinski assassiné, en guise d’hommage, a souligné la dévotion, la foi, la serviabilité, de celui qui a disparu pour sa croyance, son sacerdoce, et pour la Patrie. Ensuite, ce fut au tour des représentants de la communauté polonaise de s’exprimer, entre autres M.M. Ignaczak, Zawierta et le rédacteur du « Narodowiec » (ndt : « Le National ») M. Kwiatkowski. Dans son allocution, il dit :

   (Par rapport au texte dans son édition originale, je crée ici un nouveau paragraphe) « Le plus bel hommage que nous puissions rendre à son existence, marquée du sceau du sacrifice de sa vie, peut être seulement de suivre son exemple… Il ne suffit pas aujourd’hui de prier, de croire, il faut par l’action quotidienne renforcer les défenseurs du Peuple et de l’Eglise, qui depuis un millénaire a formé l’âme du Peuple. Nous avons traversé une horrible catastrophe historique, nous traverserons de même les temps présents (ndl : c’était en 1950), si nous ne laissons pas entrer dans nos cœurs le terrible ennemi qui voudrait nous dégoûter et nous effrayer, et si par nos actes offerts de chaque jour  nous allons servir les idéaux pour lesquels le père Krupinski a offert sa vie et gagné pour sa personne l’estime polonaise, ce dont témoigne cette cérémonie et la participation qu’y prennent des représentants éminents de la société française… Aujourd’hui, nous sommes en colère, seule la vérité peut nous unir, même la plus douloureuse, la vérité qui nous dira quelles sphères et quelles gens sont coresponsables de l’infortune dans laquelle se trouve aujourd’hui le peuple polonais. Nous nous unissons ainsi au nom de nos idéaux sous le signe de la vérité, qui uniquement peut nous délivrer dans cette mer de propagande mensongère, dans laquelle on voudrait noyer le peuple et la nation polonais. »

   La cérémonie religieuse s’est terminée par le dévoilement de la plaque en marbre dédiée par la Polonia alsacienne, sur laquelle figure l’inscription suivante : (je la donne traduite en polonais) : « En souvenir de…etc… Les Polonais reconnaissants. »

   (ndt : « Article ») rédigé sur la base de documents communiqués au musée « de la terre de Kozmin » par Sophie et Henri Mielcarz.

                                                               Michel Pietrowski »                                        

  51) Illustrations :

Kr1) Pour le sommaire de ce blog, portrait sur carte postale (doc François Kutermak) ;

Kr2) page de la « Gazette des Mines », rendant compte de la cérémonie de 1950 (doc René Giovanetti) ;

Kr3) photo du catafalque dressé pour ces « fausses obsèques » (doc Jean Checinski) ;

Kr4) l’ex-voto consacré à Krupinski, photographié, tant bien que mal, en noir et blanc ; plus l’autel de la Vierge noire, pendant la période 90-91 où précisément il n’y avait plus de Vierge noire visible puisque le tableau primitif avait été retiré, après détérioration.

Kr5) photo en couleurs du même ex-voto, avec un contraste heureusement plus concluant, accompagnant l’article de Maurice Haffner publié dans le très louable mémoire du centenaire de la cité Ste-Barbe, dû à l’association pour la sauvegarde du chevalement de Théodore (ASCT).

Kr 6) portrait du diacre Krupinski, en 1935 (extrait du dossier de l’archevêché de Poznan);

Kr 7) portrait du bachelier Krupinski, en 1930 (idem).

Kr 8)  image pieuse « Pater in manus… » recto.

Kr 9) image pieuse « Pater in manus… » verso.

Kr 10) image pieuse « Ecce homo » recto.

Kr 11) image pieuse « Ecce homo » verso.

Kr 12) image pieuse « Mater dolorosa » recto.

Kr 13) image pieuse « Mater dolorosa » verso.

Kr 14) article en polonais de Michel Pietrowski.

Kr 15) bibliographie : 1ère de couverture du livre de Jacques Granier.

Kr 16) bibliographie : 1ère de couverture du livre de Robert Steegmann.

Kr 17) bibliographie : 4ème de couverture du livre de Robert Steegmann.

Kr 18) plaque ocre à la mémoire de l’abbé Krupinski, intégrée au monument visible ici en Kr 19.

Kr 19) à Poznan, monument à « l’Etat polonais souterrain », etc (voir le paragraphe n° 39 du présent article).

   52) Bibliographie :

trois ouvrages sur Dachau, et deux sur le Struthof :

– Stanislas Zamencnik, « C’était ça, Dachau : 1933-45 », nouvelle édition, en français, du 02-05-2013, éd Cherche midi.

– Guillaume Zeller, « La baraque des prêtres : Dachau 1938-45, éd. Taillandier, 2015.

– Mgr Kazimierz Majdanski, « Miraculé de Dachau, témoignage », éd. Pierre Tequi, 01-07-1997, en français, avant-propos du cardinal (+) Jean-Marie Lustiger.

Robert Steegmann, « Struthof, Le KL-Natzweiler…une nébuleuse concentrationnaire…1941-45 », 2005, éd. La Nuée bleue.

– Jacques Granier, « Schirmeck, histoire d’un camp de concentration », éditions des Dernières Nouvelles.

   53) Complément à lire,

dans ce blog : notre article condensé « Krupinski et Zawierta, résistants polonais, sont morts ! »

 

   54) Terminé de rédiger, par fsz, le dimanche 3 mai 2020, jour de la fête nationale polonaise, et de commémoration de la Constitution polonaise de 1791 ; retouché le 01-07-24 ; matériel protégé par le droit d’auteur (loi française du 11 mars 1957).

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